Plénière 2 : Gratitude envers soi et symptomatologie dépressive : quels processus impliqués ?

Guillaume TACHON

Maitre de Conférences en Psychologie (Equipe Vulnérabilité, Capabilité, Rétablissement) à l’Ecole de Psychologues Praticiens (de l’Institut Catholique de Paris UR « Religion, Culture et Société », EA 7403) et psychothérapeute en libéral auprès d’adolescents et d’adultes.

Récemment, les recherches relatives à la gratitude envers soi ont mis en évidence son intérêt pour la santé mentale, notamment en renseignant sa relation négative à la symptomatologie dépressive (Tachon et al., en préparation). Toutefois, les mécanismes impliqués dans cette relation n’ont pas encore été étudiés. C’est pourquoi, sur la base du modèle proposé par Alkozei et al. (2018 ; 2019) et des modèles cognitifs de la dépression (e.g., Gotlib & Joormann, 2010), quatre études ont été menées afin d’identifier le rôle potentiel du biais d’interprétation et de l’orientation vers les aspects positifs de la vie dans la relation entre la gratitude envers soi et les symptômes dépressifs, en utilisant des méthodes transversales (études 1 à 3) et expérimentales (étude 4). Nous avons émis l’hypothèse que la gratitude envers soi prédirait négativement les symptômes dépressifs (étude 1) et positivement le biais d’interprétation positif (étude 2) ; que le biais d’interprétation positif prédirait négativement les symptômes dépressifs et serait un médiateur la relation entre la gratitude envers soi et les symptômes dépressifs (étude 3). Dans l’étude 4, les participants ont été assignés à l’une des trois conditions expérimentales (journal d’auto-gratitude vs. journal de gratitude vs. liste d’attente). L’hypothèse était que les symptômes dépressifs diminueraient après l’intervention chez les participants des conditions gratitude envers soi et gratitude et que le biais d’interprétation positive ainsi que l’orientation vers les aspects positifs de la vie augmenteraient chez ces participants par rapport à la condition de contrôle. Les résultats des études 1 à 3 ont montré que la gratitude envers soi prédisait les symptômes dépressifs et le biais d’interprétation de la manière attendue, et que le biais d’interprétation médiait la relation entre la gratitude envers soi et le biais d’interprétation. L’étude 4 a montré une diminution marginale des symptômes dépressifs et une augmentation de l’orientation vers les aspects positifs de la vie. Cependant, les scores de biais d’interprétation positif n’ont pas augmenté de manière significative. Les implications conceptuelles et appliquées de cette recherche, notamment dans la promotion de la santé mentale ou le traitement de la dépression sont à discuter.

Références bibliographiques :

Alkozei, A., Smith, R., & Killgore, W. D. S. (2018). Gratitude and subjective wellbeing : A proposal of two causal frameworks. Journal of Happiness Studies, 19(5), 1519-1542. https://doi.org/10.1007/s10902-017-9870-1
Alkozei, A., Smith, R., Waugaman, D. L., Kotzin, M. D., Bajaj, S., & Killgore, W. D. S. (2019). The mediating role of interpretation bias on the relationship between trait gratitude and depressive symptoms. International Journal of Applied Positive Psychology, 4(3), 135-147. https://doi.org/10.1007/s41042-019-00022-7
Gotlib, I. H., & Joormann, J. (2010). Cognition and depression : Current status and future directions. Annual Review of Clinical Psychology, 6(1), 285-312. https://doi.org/ 10.1146/annurev.clinpsy.121208.131305
Tachon, G, Marteau-Chasserieau, F., & Shankland, R. (en préparation). Self-gratitude is consistently related to health and well-being in general and at-risk populations
Tachon, G, Marteau-Chasserieau, F., & Shankland, R. (en préparation). Self-gratitude journaling, well-being and depressive symptoms: Results from a randomized control trial