Plénière 7 : Passion au travail et souffrance d’autrui : quand le travail rentre avec nous

Julien BRUNO

Docteur en psychologie de la santé, psychologue et psychothérapeute

La passion représente cette force qui amène la personne à s’impliquer dans une activité qu’elle aime, qui la définit et qui importe pour la personne » (Vallerand, 2015, p. 33). Le modèle dualiste de la passion (Vallerand & al., 2003) propose une conceptualisation de la passion en deux dimensions : la passion harmonieuse qui est globalement positive pour la santé-perçue et le bien-être, et la passion obsessive qui est globalement délétère pour la santé-perçue et le bien-être à moyen ou long terme. Cette activité peut tout à fait être notre travail et de nombreuses publications démontrent les effets de la passion sur le développement du burnout (Anagnostopoulos et al., 2016 ; Fernet et al., 2014 ; Vallerand & Houlfort, 2019), l’autocompassion (Schellenberg et al., 2016), les stratégies de coping (Schellenberg et al., 2013), le flow (Carpentier et al., 2012) et les émotions (Stenseng et al., 2015). Le toxic-handler, ou générateur de bienveillance (Teneau & Lemoine, 2019), est un individu capable de se représenter et de comprendre la souffrance d’autrui. Une étude récente sur plus de 400 managers en ressources humaines (Kulik et al., 2009) montre que les toxic-handlers aident les employés à diminuer leur détresse et les rendent à nouveau productifs, mais qu’ils sont une population à risque pour l’épuisement émotionnel. L’objet de cette communication sera de montrer comment ces deux concepts peuvent s’articuler, et quels sont leurs effets sur les professionnels jusque dans leur vie privée.